SAINT-POL-ROUX
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 20 juillet 2021


Source : https://www.nolwennfaligot.fr/post/saint-pol-roux-et-la-nouvelle-collection


Hymne à la Bretagne

“Bretagne de la mer, des monts et des campagnes ;

Bretagne du blé noir, du lait, de la pêche, du lin ;

Bretagne de légende où le lavoir parle au calvaire et le puits au moulin ;

Bretagne de rêve, de geste et de pierre”


Trois extraits de son texte le plus célèbre : Bretagne est univers.
Les voici qui n’ont rien perdu de leur souffle, même si certains mots ne s’emploieraient plus de nos jours
comme à l’époque notamment pour ce qui concerne le terme désuet de « race celtique » ou « bretonne ») :

“Ses tribus débordant enfin de sa nature,

Elle trouva chétive la place du nid.

Alors elle s’en fut, au gré de l’aventure,

Inventer des foyers à travers l’infini.”


Puis :

“Cette race est en toi, millénaire Celtie

d’azur et de sinople, Arcoat sur Arvor,

Qui laissas dans la glèbe ou la coque engloutie

Le meilleur de ton être passementé d’or.”


Et enfin :

“Cette race divine est la race bretonne

Aux fils toujours pareils parmi l’homme divers :

Ta race impérissable dont le Temps s’étonne,

Ô Bretagne éternelle comme l’Univers !”


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Source : http://www.notrepresquile.com/recits/autres/saint-pol-roux-attentat.php
1940
L'attentat du 23 juin 1940 au manoir de Cœcilian

témoignage de Divine Saint-Pol-Roux, rédigé le 5 septembre 1944

La copie du manuscrit original de Divine est en bas de page (source : bibliothèque de Brest, fonds Saint-Pol-Roux)

"C'est dans la nuit du 23 au 24 juin 22 au 23 juin 1940, 4 jours après l'occupation par les troupes allemandes de la presqu'île de Crozon, que le manoir de Cœcilian en Camaret-sur-mer fut ensanglanté par un drame atroce. 

  Vers 10 h ½ du soir, un soldat allemand qui s'était présenté en fin d'après-midi sous prétexte d'achat, frappa à l'une des portes du manoir, reçu par notre servante Rose Bruteller, il expliqua qu'il avait l'ordre de contrôler la maison, des soldats allemands s'étant échappés et demanda que l'on prévint les maîtres, sur son insistance notre servante nous fit descendre mon Père et moi.

Après avoir visité toutes les pièces du manoir et la cave, le soldat se réinstalla dans le hall où il nous fit comprendre très difficilement, pour justifier la longueur de sa visite, qu'il attendait pour rentrer au camp ses camarades occupés eux aussi à contrôler les autres maisons.

Vers minuit alors que mon Père à plusieurs reprises s'était efforcé de provoquer  son départ, le soldat se retourna vers moi en me regardant avec insistance et m'adressa une parole qui me fit comprendre trop tard hélas la raison de sa visite.

Mon Père voulant lui Il arma son pistolet automatique, mon Père voulut lui sauter dessus mais j'avais déjà l'arme braquée sur les reins. Il y eut une courte lutte dans la cave, m'étant jetée devant mon Père que l'allemand allait abattre, celui-ci se retourna vers moi et me tira à bout portant dans la jambe. Ce coup de feu provoqua l'éclatement du tibia, puis il s'en prit à mon Père qui luttait, m'appelant désespérément  me croyant tuée, il tira, mon Père sentit les balles lui frôler le visage, notre servante ayant dû faire dévier le bras armé, il s'évanouit à ce moment je le croyais mort et fut laissé pour tel par l'allemand qui tira ensuite sur notre servante la tuant de trois balles dans la bouche. J'assistais impuissante et horrifiée à cette scène atroce.




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Ces photos
* de Saint-Pol-Roux et Rose Bruteller sont datées du 18 juin 1940. La France est envahie. La veille, Pétain a demandé l'armistice. Des centaines de militaires français et anglais affluent à Camaret pour tenter de rejoindre Ouessant ou l'Angleterre. Chacun se prépare à l'arrivée de l'ennemi (ils seront là le lendemain matin). La tension est énorme. C'est un jour terrible, un jour funeste qu'au manoir de Cœcilian on a ressenti le besoin de photographier.... Elle n'a plus que 4 jours à vivre ; lui, 4 mois.




L'allemand accomplit alors la seconde partie de son crime, il revint vers moi, je faisais la morte espérant qu'il me laisserait, je reçus un violent coup de botte dans la jambe blessée, il me remonta au salon, j'essayais de me défendre, il me tordit alors la jambe et abusa de moi, je fus sauvée de la mort par mon chien, l'assassin prit peur et s'enfuit dans la nuit, je pus après de longs et pénibles efforts me traîner dehors où on me trouva au petit jour.


Je fus soignée à l'hospice civil de Brest du Après les démarches auprès des autorités allemandes et ma déposition, j'arrivais à l'hôpital civil de Brest 17 heures après le drame, je fus opérée d'urgence, j'y fus soignée jusqu'au 15 avril 1941, pendant toute cette période le docteur Pouliquen et son assistant luttèrent contre l'amputation, je subis quatre opérations ; le 15 avril 1941, l'hôpital ayant été détruit au cours d'un bombardement, je fus dirigée sur la clinique du docteur Pouliquen où je restais huit jours mais Brest devenant peu sûr je fus évacuée sur Camaret où je fus accueillie par les parents de ma servante, n'ayant plus de foyer. Mais mon cas nécessitant encore des soins j'attendis la venue de mon frère pour être transportée à Paris où je fus admise à l'Hôtel-Dieu le 30 octobre 1941 et y demeura soignée par le professeur Mondor jusqu'au 15 avril 1942.


Le drame de juin 1940 avait fait une troisième victime. Cruellement atteint par la mort de notre fidèle Rose, par mes souffrances et aussi par les coups qu'il avait reçus, mon Père dont la santé jusqu'alors avait été excellente reprenait courage et confiance lorsque je lui souriais, il venait me voir deux fois par jour, il avait entrepris d'écrire une œuvre pour la grandeur de la France, œuvre intitulée "Le vrai Soleil est en nous-mêmes", il l'avait commencée ainsi qu'un poème "Archangelus" sur la mort de Rose, je n'ai rien retrouvé.


Il faisait la navette entre l'hôpital de Brest et Camaret, une nouvelle et cruelle épreuve après tant d'autres l'attendait, il apprit un soir d'octobre que le manoir qui avait déjà été pillé venait d'être à nouveau "visité". Les diverses pièces du manoir notamment sa chambre et son cabinet de travail se trouvaient dans le plus grand désordre.


Les manuscrits de plusieurs ouvrages auxquels mon Père travaillait depuis de nombreuses années avaient été les uns déchirés, les autres brûlés, lorsque mon Père vit le désastre, il comprit qu'il lui serait impossible de reconstituer son œuvre, il en éprouva un immense désespoir qui acheva de briser sa résistance.


Transporté le 14 octobre 1940 à l'hôpital de Brest où je me trouvais, il expira le 18 octobre à 5 heures du matin.


Pendant ces trois derniers jours la mère St-Hélier me descendait près de mon Père bien-aimé, la 1ère fois il me reconnut, me regarda longuement de ses beaux yeux clairs et poussa un long cri "Ma fille !", il essaya de me rassurer mais je ne compris pas ses paroles.




Le lendemain il ne parlait plus mais me regarda longuement et me sourit, il chercha ma main et sa main remonta jusqu'à mon épaule qu'il serra fortement, de sa belle main droite il faisait le geste d'écrire, vers le soir j'assistais le cœur brisé aux derniers sacrements, il reconnut l'aumônier et lui tendit la main, la 3e après-midi il avait les yeux clos mais lorsque les infirmiers me penchèrent sur lui pour l'embrasser il eut encore un sourire, c'était mon dernier baiser, je ne devais plus revoir ce Père que j'avais tant aimé, j'étais seule, la race maudite avait tué un grand poète.
  Mon Père allait avoir 80 ans."



Le jour même de l'agression, 23 juin 1940, l'autorité militaire allemande arrête le coupable. Il sera jugé par la cour martiale de Brest, condamné à mort, et fusillé.

Le manoir sera bombardé par les Alliés en 1944.



À lire : "Si ces messieurs pouvaient plutôt s'installer au salon...", de Brigitte Charoy, éd. Notre Presqu'île, 2017, chronique de l'Occupation à Camaret-sur-mer



* archives municipales de Brest, cote 2Fi12695 et 2Fi12750

** revue Avel Gornog n°12 sur la Seconde Guerre mondiale, article d'Isabelle Squividant, p.4




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Ci dessous : cliquez sur la photo pour afficher les pages.

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Ci-dessus: Le manoir de Saint-Pol-Roux vers 1925 photo Georges Arlaud

Ci-dessous: Le manoir de Saint-Pol-Roux

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Ci dessus : Le manoir de Saint-Pol-Roux Carte postale 1968

Ci dessous : Le manoir de Saint-Pol-Roux RUINES COTÉ TERRE

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Le manoir de Saint-Pol-Roux RUINES FACE A LA MER

Le manoir du Boultous, puis manoir de Cœcilian

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Source : https://www.paperblog.fr/1495638/nouvelles-elections-a-l-academie-mallarme-saint-pol-roux-president/

L'Ouest-Eclair - 5 avril 1938

A l'Académie Mallarmé


Réunis mercredi dernier, comme les Goncourt, au restaurant Drouant, les membres de l'Académie Mallarmé se sont donné, pour succéder à Francis Vielé-Griffin, un nouveau président.

Il nous plaît que leur choix se soit porté à l'unanimité sur Saint-Pol-Roux, le "magnifique" et solitaire poète du manoir de Coecilian, en Camaret.

Un nouveau membre a été élu, M. Henri Charpentier, poète à forme traditionaliste, qui fut l'exécuteur testamentaire de Mallarmé.
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Source :
https://www.toutcommenceenfinistere.com/manoir-saint-pol-roux-camaret
Ci-dessous : Le Manoir de Cœcilian à Camaret
Refuge de Saint-Pol-Roux en presqu'île de Crozon

“Ici j'ai découvert la vérité du monde…” Le poète Saint-Pol-Roux s'éprend de Camaret à tel point qu'il construit face à l'océan, un manoir baroque doté de huit tourelles, digne des contes de fées. C'est ici qu'il accueille des années durant un grand nombre d'artistes.
Le rêve d'un poète

Il est un manoir construit face au grand large posé sur la lande de Lagatjar à Camaret, surplombant la plage de Pen-Hat, dont les vestiges ont quelque chose d'immensément touchant. Ce manoir incarne le rêve du poète et dramaturge Saint-Pol-Roux dit Le Magnifique. Né en 1861 à Marseille, il publie son premier recueil en 1886.
Après avoir vécu un temps à Beg-Meil puis à Roscanvel, il choisit en 1903 la falaise adossée au port de Camaret. “Je remercie Camaret d'une hospitalité de trente ans qui ne finira jamais, écrit-il, puisque c'est dans son sol que je dormirai…”. Il reçoit, en sa demeure, le poète, médecin et sinologue Victor Segalen qui lui offre les bois sculptés de Gauguin provenant de sa Maison du Jouir aux îles Marquises, ainsi que Max Jacob, André Breton, Jean Moulin…

Mais quelques années plus tard, en juin 1940, aux prémices de l'Occupation, les portes sont forcées, les habitants malmenés, sa fille Divine blessée. En octobre de cette même année, sous l'effet de la barbarie nazie, son œuvre est dispersée, ses manuscrits détruits, le poète en meurt de chagrin. Il repose selon ses désirs dans le cimetière de Camaret.



Le manoir de Coecilian à Camaret

Crédit photo haut de page : © Ludovic / Flickr
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Pour en savoir plus

Vous pouvez consulter le site internet de la Société des Amis de Saint-Pol-Roux, un site incroyablement riche sur ce poète et dramaturge mal connu.