SOUTIF Henri ou la cavale d'un flic
Chemin de la Résistance et des Maquis
Mis en ligne sur le site le 17 avril 2020 / mise à jour 8 juillet 2024
Bonjour,
"Le commissaire Soutif par lui-même » c’est à dire le rapport complet de son action auprès du préfet du Finistère en date du 24 octobre 1942, est à retrouver dans « Les clandestins de l’Ironise "de René Pichavant,
Tome 2, pages 480 à 500.
Serait à compléter par le procès à Nantes en janvier 43 , procès dit « Procès des 42 », soit 42 FTP , et par l’exécution au Mont-Valérien , le 17 septembre 1943, des 19 FTP de Brest, dit groupe Abalain.
Commencer par l’exécution du juge Le Bras à Nantes, pour libérer Raymond Hervé, exécution qui entraîna les premières arrestations autour de Lorient, à Lannester.
Très cordialement,
Anne Friant-Mendrès pour l’ANACR-29 et le Pôle Jean Moulin
SOURCE : Publication de Ej Sizun
LE FINISTERE DANS LA GUERRE - 39 -45 - DEVOIR DE MEMOIRE - ·
Ej Sizun
SOUTIF Henri Jean Prudent
27 mars 1913 : naissance à Paris 19ème, fils de SOUTIF Henri, agent des chemins de fer de l’État, et de MARTIN Jeanne, employée des Postes et Télégraphes.
Études : licencié en droit à la Faculté de Paris, parle couramment l'anglais et l'allemand.
Signalement : 1m. 70, blond, porte des lunettes.
Décembre 1936 : brillamment reçu premier au concours de commissaire de la Sûreté Nationale.
1938 : affecté à Rennes à la Brigade mobile régionale de Police mobile Judiciaire, dite "Brigade du Tigre".
20 avril 1940 : mariage à Rennes avec BAILLY Françoise, trois enfants.
Durant la guerre
1er mai 1941 : alias "Le poulpe", membre actif avec le collaborateur quimpérois ÉLOPHE Roger au réseau "Alliance".
1er juillet 1942 : nommé chef de la Brigade des Renseignements généraux de Quimper. Se fait remarquer par une activité débordante qui s'est le plus souvent exercée au détriment des organisations clandestines de la région, décimées par ses nombreuses opérations.
Dans le même temps, il se réservait un alibi en rendant des services à certains éléments de la Résistance qui avaient son agrément du point de vue politique ou organique.
Bourreau, délateur et agent double, a dénoncé ou fait arrêter comme gaullistes trois députés du Finistère, LE GORGEU Victor, signalé comme chef de la Résistance en Bretagne, LE BAIL Albert, BALANANT Victor... , LE LOUÉDEC Alain maire de Quimperlé, et des centaines de résistants gaullistes ou communistes bretons...
24 septembre 1942 : l'arrestation d'une liste d'une trentaine de communistes lui permit d'obtenir des Allemands la libération de divers prisonniers de guerre, dont son oncle.
Aurait participé aux renseignements et à l'action, a recherché des terrains de parachutage et préparé une opération maritime, avoir transporté des émetteurs clandestins dans la zone côtière, avoir hébergé ou aidé à héberger des personnes recherchées ou des aviateurs alliés, avoir établi de faux titres d'identité, avoir prévenu des Français menacés d'arrestation, avoir démasqué les agents de l'ennemi, avoir effectué des missions d'infiltration dans les chantiers maritimes allemands, etc...
11 novembre 1943 : tentative d’assassinat par la Résistance contre l’inspecteur de police aux renseignements généraux LE MARCHAND Joseph à Quimper.
Septembre 1943 : entre au maquis de l'Organisation de Résistance de l'Armée (O.R.A.).
06 juillet 1944 : révoqué par le secrétaire général de la Milice française DARNAND Joseph.
Août 1944 : en fuite, recherché par la Police vichyssoise et la Gestapo, rejoint sous le nom de capitaine SIMONIN, la Military Police à Longjumeau.
Recruté par le capitaine VAUDREUIL comme agent du Bureau central de renseignements et d'action (B.C.R.A.), son nom figurant au "Hand book", indicatif C.XC. 6/5 -30.410.
Intègre la Section P. de la Direction de la Sécurité Militaire (D.S.M.) 60, avenue Foch à Paris, et un service de l’État-major du général DE GAULLE. Loge au Majestic Hôtel.
31 octobre 1944 : après la découverte à son domicile parisien des restes de vingt-sept personnes et avoir mené une enquête minutieuse, SOUTIF arrête le tueur en série le docteur PETIOT Marcel à la sortie du métro Saint-Mandé Tourelle avec dans ses poches un revolver neuf mm et plusieurs fausses cartes d'identité.
02 décembre 1944 : appelé à Quimper et arrêté sur l'accord du préfet du Finistère. Détenu à la prison Saint-Charles pour atteinte à la sûreté de l'État.
17 janvier 1945 : amené auprès du juge d'instruction. Un membre de la D.G.E.R. exhibe un ordre de mission de ramener SOUTIF à Paris dans une voiture militaire et lui rend la liberté.
Toute la résistance bretonne s'indigna violemment. Une délégation de chefs militaires se rendit à Paris pour réclamer à nouveau son arrestation.
Après la guerre
03 mai 1946 : condamné à 20 ans de travaux forcés, 20 ans d'interdiction de séjour dans le Finistère, indignité nationale à vie, confiscation de ses biens par contumace par la Cour de Justice de Rennes.
Juillet 1947 : de nouveau compromis et inculpé dans le cadre du "plan bleu", complot anti-communiste visant à instaurer un régime autoritaire (interdiction du droit de grève, dissolution des syndicats... ).
24 au 28 avril 1950 : défendu durant cinq audiences à la Cour de Justice de la Seine par l'avocat d'extrême droite TIXIER-VIGNANCOUR Jean-Louis, rivalisant d'ardeur pour discréditer les témoins à charge, victimes de SOUTIF, compagnons d'armes des fusillés et des exterminés.
Longue est la liste de ceux qu'il arrêta, livra aux pelotons d'exécution ou au camp d'extermination, dont beaucoup ne revinrent pas.
Se réclamant du double jeu, se prétendant comme premier agent secret de la Résistance, à qui il a rendu les plus grands services, victime d'une machination des communistes contre qui il niait avoir sévi, mettant en relief le distinguo qu'il avait généralement fait entre les organisations de Résistance suivant leur obédience ou leur appartenance, ainsi que les services rendus aux Services spéciaux.
Il appuyait également sur le fait que les arrestations avaient été opérées avec la participation de la Gendarmerie et des Brigades mobiles, sur qui il rejetait à l'occasion, les responsabilités de certains cas.
Témoignages en sa faveur : FOURCADE Marie-Madeleine du réseau "Alliance", ROBET Luc chef de groupe de résistants bretons. le colonel PAILLOLE Paul... , et des membres appartenant aux tendances de droite et d'extrême droite.
- 28 avril 1950 : acquitté. Réintégré dans la Police...
- 24 mars 1995 : décès à Saint-Quentin (Aisne) à l'âge de 82 ans.
Sources :
- ☛ Dossier D.G.E.R. "SOUTIF Henri", SHD Vincennes GR 28 P 6 56 (44 documents).
- ☛ Dossier D.G.E.R. "ÉLOPHE Roger", SHD Vincennes GR 28P 6 29 (300 documents, dont 32 procès-verbaux et 14 attestations + 1 photo) ;
- https://www.facebook.com/groups/1545603285687980/posts/3530085170573105/
- ☛ Coupures de presse...
SOURCE : I H S de BRETAGNE
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SOURCE : "Les clandestins de l'Iroise" de René Pichavant.
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